Mes pas mon menés ici, mon papa m'a mené ici, mon Destin trace ce chemin et cette voie que j'emprunte.Un être en remplace un autre, une jambe remplace l'autre. Est ce ainsi, le sens de la vie? Avancer l'un après l'autre?
Dans la chaleur sèche de Marrakech mes pas mesurent la distance qui me reste à parcourir au prochain coin d'ombre, à la prochaine bouteille d'eau que j'achèterai.
Sortir dans la journée est un parcours du combattant qui a son rituel. Avant de rentrer dans l'arène, le gladiateur se prépare, s'enduit d'huile et d'onguent afin que l'adversaire ne puisse le saisir, l'agripper et le trucider.
Je ne peux m'empêcher de penser de la même manière car mon combat n'est pas un adversaire mais la chaleur. Et même si je tolère assez bien la température élevée (ici il fait entre entre 37° et 44°), j'ai senti le poids des 54° de la canicule des quelques jours la semaine précédente.
Me voici en train de me couvrir de crème anti UVA/UVB avec l'indice de protection maximum (+50) sur le visage, le cou, les mains, les avant-bras et le cou de pied découvert.
Marcher devient vite une épreuve car le cuir des chaussures chauffe vite.
J'utilise mon Panama pour me couvrir la tête même si je peux m'en passer avec l'épaisseur de mes cheveux mais l'ombre supplémentaire qu'il procure n'est pas un luxe et la peur du ridicule disparaît bien vite.
J'ai connu la morsure du froid au Canada avec les -40°, la chaleur humide des pays d'Asie et cette chaleur torride malgré tout plus acceptable que celle du désert mauritanien. Étonnement je m'y sens bien, mon esprit semble ralentir et se concentrer sur une seule chose à la fois. je suis le rythme du lieu et le rythme des gens d'ici. Pourquoi aller plus vite finalement? Les choses se passent avec ou sans moi et se passeront après moi.
Je repense souvent à mon Père en suivant ces traces sur ce sol graveleux dont le passage des voitures soulèvent la poussière.
Poussière je fus, poussière je retournerai. Nous retournons tous à nos origines pensais-je, comme les saumons, nous revenons au lieu de notre naissance. Sauf qu'ici il n'y pas d'eau et mon palais me le rappelle.
Je suis les traces laissés par les ânes, les chiens errants, le savates et les traces de pneus sur le 'trottoir'. La Vie est ainsi on suit sans connaître celui ou celle qui nous a précédé, avançant dans une même direction sans savoir, sans prendre le temps de s'arrêter. Ici on ne prend pas le temps de le faire car la nécessité de se protéger est une question de survie. Dans d'autres pays et cultures on ne prend pas aussi le temps car c'est aussi une question de survie à cause de la violence urbaine.
Je ne suis pas pressé, je ne veux pas être pressé et tant pis si je suis en retard. De toute manière tout fonctionne au ralenti. J'espère que cette fois-ci je n'ai rien oublié et que je n'aurai pas à retourner au bureau le récupérer. Le prix de l'oubli devient vite un fardeau payé en Degré Celsius et planifier devient vite une seconde nature. Je me rends compte que mon père nous l'avais montré maintes et maintes fois. Rester vigilant alors que la nature environnante peut vite devenir hostile est une nécessité.
Le passage des camions, des voitures et la vision des échafaudages métalliques des bâtiments me rappellent à la ville. Cela est si différent de l'Afrique que j'ai connu. L'urbanisation rapide a remplacé les matériaux de base comme le bois ou la terre par de l'acier. Les rayons solaires s'y reflétant tranche ma vue et mes yeux plissés, malgré mes lunettes et mon chapeau, esquivent rapidement ces lames optiques.
Seuls les conducteurs abrités dans l'ombre de leurs véhicules peuplent l'espace urbain. Il n'est pas encore l'heure de la sortie des bureaux et des écoles. Il y a encore peu de monde à cette heure-ci.
J'étais enfant, adolescent et insouciant de tout cela. Mes parents nous protégeais mes frères et moi. Nous étions soudés et la vie se déroulait paisiblement au rythme de l'école et des siestes.la chaleur et les contraintes environnementales ne nous pesaient pas. Mais travaillant ici, ma réalité basée sur mes objectifs de travail, prend une dimension bien plus objective. Pour avancer il faut se battre contre cette inertie due à la chaleur. Il serait si facile de rester au frais chez moi.
Qu'elle différence entre l'enfant d'avant et l'enfant que je suis toujours? Plus personne viendra m'apporter la nourriture dans mon assiette si je ne chasse pas moi-même. L'évolution de l'homme depuis des millénaires répond à ce même instinct de chasse. Manger et ne pas être mangé. Là le soleil risque de me griller bien vite si je n'y prend garde.
Un enfant juge toujours son Père sur ce qu'il vit en famille. L'enfant ne voit pas toujours le parcours parfois périlleux que ses parents ont emprunté. Je rends hommage à mon Père pour ce qu'il a fait de sa Vie. Amen.
Comprendre c'est apprendre par soi-même à retrouver un chemin lointain, incertain avec la peur du lendemain.
Ce chemin que j'emprunte est Mon Chemin et Ma Voie. Il n'y a plus de questions à se poser, pas après pas, j'avance sans me poser de question vers l'ombre du prochain bâtiment, vers cet arbre et ces massifs de fleur. La Vie est étonnante de variété et de couleurs. Ici la terre est fertile, si généreuse, l'Homme semble souffrir alors que la végétation s'y est adaptée dégageant aussi ses senteurs et fragrances délicates. La chaleur rehausse le parfum de certains endroits où des oasis urbains pavent les trottoirs. L'air chaud rempli mes narines et la poussière fouette mes yeux. Je prie pour qu'une brise souffle et lorsque cela arrive, je le regrette aussitôt.
Je ne transpire pas autant que je le croyais et lorsque j'arrive dans un endroit climatisé, mes sens se réveillent, mes yeux s'ouvrent et ma curiosité reprend le dessus. Franchir un seuil à du sens et un sens. Rentrer quelque part est une délivrance et l'accueil, l'hospitalité est le plus doux des rafraichissements. Sortir, c'est longer le mur et passer de l'ombre d'un bâtiment à un autre.
Se réhydrater et étancher sa soif passe par le rituel du thé à la menthe très sucré.
Je comprends que le sucre et la saveur douce dans les pays chaud est assimilé à l'élément 'Terre' de la Médecine Traditionnelle Chinoise et permet de drainer le 'Feu' en l'absorbant selon les lois énergétiques.
C'est peut être une cause de l'obésité ici et du goût prononcé du sucré des gens d'ici.
Vite, vite une fois de retour la douche-plaisir et la crème hydratante sur tout le corps apporte là encore une sensation durable de douceur cutanée.
Vous êtes stressé(e) de nature? Le meilleur anti-stress je l'ai trouvé ici. venez marcher avec moi et vous verrez vite que vous ralentirez votre régime moteur.