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Marrakech
6 août 2009

060809

Je me suis réveillé groggy ce matin. 8h30. Le soleil au travers des rideaux coloraient ma chambre d'une lumière chaude orangée. Écran protecteur tout comme mes paupières qui me laissaient progressivement émerger à cette réalité. Le sol frais du carrelage me rappelait qu'au cours de la nuit ayant eu trop chaud je m'étais couché par terre. J'avais la clim juste avant d'aller dormir la veille pour me rafraîchir.

Ma tête démarrait à chaque fois au quart de tour ne me laissant pas assez de temps de faire le vide et de méditer et prier un peu. Cela faisait des années que j'essayais de m'entraîner avant de sombrer dans le sommeil et en m'éveillant de réserver ces instants pour 'scanner' mon environnement et capter les ambiances, la 'météo' du jour.

La 1ere pensée qui me traversa ce matin fut par rapport à ma satisfaction personnelle; Je n'avais pas à me plaindre car j'étais dans une position privilégiée. J'étais à la place où le Destin m'avait mis; je ne pouvais critiquer ou me plaindre. J'avais tout simplement à être patient et à apprendre jour après jour des gens que je rencontrais. J'étais libre de gérer mon temps, le projet allait prendre plus de temps que prévu (6 mois), j'avais donc plus de temps pour moi pour faire autre chose que de travailler en fonction des échéances. J'allais pouvoir explorer, découvrir et sentir pour m'adapter à ma nouvelle situation.

La journée se termine et je l'ai passé à faire des aller-retour au commissariat central et à rencontrer Saïd et son chef de service qui dirige le département des étrangers. Ais-je de la chance? Je pense que mon étoile me suit toujours pour que mes prières se réalisent ainsi si rapidement. Ce que je prenais pour de la 'perte de temps' devenait finalement un autre état d'être, un silence imposé à mon désir d'aller vite que je sentais transformer en investissement-temps. Créer son propre réseau de contact, socialiser, rencontrer des gens est nouveau pour moi. Ma famille n'était pas du genre à sortir. Notre réseau d'amis en Afrique me semblait restreint mais à l'enterrement de Papa que ces mêmes gens que j'avais connus en Afrique était tous au RDV pour lui rendre un dernier hommage. Mon Père avait peu d'amis mais ils étaient nombreux pour lui dire au revoir. Je comprenais à mon tour ma place ici attablé avec ces gens du pays parlant une langue que je ne comprenais pas encore. J'écoutais distraitement en silence et calmement. Ils n'étaient pas gênés de mon incompréhension car je leur avais dit que comme un enfant, j'apprendrai avec le temps à force d'écouter leurs mots et leurs phrases. Le son de leurs paroles rentraient dans mon corps comme le lait de la mère à son nourrisson. Je profitais de ces instants de non-désir et de non-vouloir. J'étais juste là avec eux. Je sentais l'esprit de mon Père planer autour de moi. Je répétais les mêmes gestes et actions qu'il avait dû lui-même répéter de son vivant.

Je me sentais triste qu'il ne soit plus là à partager ce moment. Je lui envoyais un appel et un remerciement pour ce que je vivais. Je vivais en lui, avec lui et à travers lui à ce moment précis.

Saïd prend plaisir à me parler de sa religion. Nous sommes allés déjeuner et manger un tajine berbère. Nous mangions avec notre main droite dans un plat commun. Un délice. Je payais la moitié des 18 euros du repas (cher) pour remercier indirectement Saïd qui m'avait introduit à son chef de service. Curieusement la discussion à table s'orienta vers la religion musulmane et Zineb, ma responsable, en face de moi, me regarda et me dit d'un ton affirmé que j'allais finir par devenir musulman et qu'elle en était sûre. Je riais intérieurement. J'appréciais de plus en plus leur manière de se comporter et la manière dont ils traduisaient leur foi au quotidien. Ils me parlaient de l'hygiène 'Hadit(?)', la relation aux femmes, au mariage, à la guerre...

Le langage courant et les conversations sont ponctués de références et de mots religieux. Leur foi est profonde; je n'avais jamais rencontré un peuple, une culture si ancrée dans sa croyance. Ces personnes qui me parlaient avec amour de leur croyance n'était pas en train de me convaincre ou de prêcher comme j'entendais et constatais si souvent ailleurs en occident. Je les sentais vivre et vibrer de l'intérieur ce qu'ils disaient sans m'imposer leurs points de vue. Ils avaient également une bonne connaissance de la Bible et j'en étais étonné. Ces gens que je rencontrais étaient assurément des érudits sachant apporter une critique constructive à leur propre religion. Cela était une attitude de cœur et d'intelligence émotionnelle.

Ma peau était moite, la chaleur  lourde et pesante. Je suis revenu à pied avec Hassan qui voulait marcher. J'aime bien Hassan, sa peau noire, son embonpoint et son air nonchalant contraste avec l'image du comptable qu'il est. Il me rappelle mes amis africains que je fréquentais adolescent. Nous avons mis 1 heure dans la chaleur de l'après-midi en nous arrêtant au Mc Do pour nous hydrater et reprendre notre route. J'aime marcher et cela tombait bien car la chaleur n'était plus aussi intense. Ce fut une balade moins fatigante que les fois précédentes.

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